mercredi 6 juin 2007

Coeurs sensibles s,abstenir


Mon experience en chirurgie tire a sa fin. Je ne vous cacherai pas que je l,abordais avec certaines apprehensions. J,avais la peur de ce sang que je sais si souvent contamine. La peur aussi de ma propre maladresse que mon stress de debutante ne fait qu,amplifier. Ces peurs, j,ai assez bien reussi a les maitriser. Mais j,en ai decouvert une autre, bien plus forte qui elle, m,a derangee davantage: la peur de la souffrance de l,autre.

Je viens d,une culture ou l,on ne tolere pas la souffrance. Je suis en medecine, entre autres raisons, pour soulager la souffrance. Or, en chirurgie ici, ce rapport a la souffrance est different. Pour bien des chirurgies, il n,y a pas d,anesthesie generale, seulement des locales... J,ai vu bien des patients se crisper de douleur parce que le produit anesthesiant n,avait pas ete injecte assez profondement ou encore parce que sa duree d,action etait trop courte pour la duree de la chirurgie. Tout ca sans compter la souffrance psychologique de regarder quelqu,un ouvrir son sein ou encore son bas ventre en entendant les bruits de sa propre chair qu,on dechire...

J,ai apprecie la technique des medecins qui operaient et l,etendue de leurs connaissances (il n,y a pas vraiment de chirurgiens specialises ici alors tout le monde fait un peu de tout...). Mais j,etais incapable de ne pas voir l,humain qui souffrait sur la table d,operation.
Les medecins, eux, y semblaient insensibles reprimant celle-ci qui gemissait trop fort ou encore celui-la qui contractait trop ses abdominaux sous l,effet du stress ce qui faisait ressortir ses
viceres. J,imagine qu,on n,a pas le choix de s,en distancer emotivement...
Dans cette culture qui n,est pas la mienne, j,ai ravale ma revolte devant cette souffrance inutile et je me suis contentee d,echanger des regards empathiques avec le patient. Eprouvant...
La difference avec ce que je connais de la chirurgie au Quebec m,a egalement marque. Trois chirurgiens operent en meme temps 3 patients differents dans la meme salle d,operation. Les chirurgiens ne se rebrossent pas necessairement entre chaque patient. Les mouches volent dans la salle d,operation. Personne ou presque ne porte de lunettes et le masque n,est porte que de facon a recouvrir la bouche, pas le nez, etc. Pourtant les chirurgiens interroges repondent que les infections post-chirurgies sont relativement rares....
Malheureusement pour ma science mais heureusement pour mon moral, l,hopital de Tema n,est pas assez grand pour qu,il y ait des chirurgies de planifiees a tous les jours. Pour continuer a apprendre sur la chirurgie, nous avons du changer de departement et nous rendre en gyneco-obstetrique. Je vous reviendrai donc bientot avec mon impression de cette experience.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

ouille... néanmoins très intéressant.

Continue de nous informer, je lis toutes tes entrées!

Anonyme a dit…

Assez traumatisant dieu merci!

Sois forte Marie-Eve!!!

Je pense svt à toi!

Cynthiaxxx

Anonyme a dit…

Ouin, ca doit pas etre facile tout ca!

Quand tu vas revenir ici, tu vas trouver ca vraiment trop facile opérer quelqu'un, y niaise pas avec la puck ici lorsqu'il s'agit de nous anesthésier!! hihi

Anonyme a dit…

Avec photo à l'appuie!

Un bel acte de foi des patients: échanger une souffrance encore un peu plus grande maintenant pour un soulagement espéré plus tard.

pBlé